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Par Thomas Bignon et Pauline Mareix

suivi. Les autres bénévoles y indiquent le nom des détenus qu'ils ont rencontrés pendant la semaine. Sans aucun commentaire. C’est en discutant avec les soignants et les surveillants pénitentiaires que Pierre s’informe de l'état d'esprit des patients qu’il va visiter.



Puis, il suit une « blouse bleue ». C’est ainsi que l’on surnomme les surveillants pénitentiaires. Ce dernier ouvre la porte d'une chambre « dans un cliquetis de clés insupportable, précise Pierre. La sécurité impose des rituels jugés nécessaires. J’entends, comme les détenus, le bruit des serrures. Entendre ce bruit, c'est quelque chose. C'est le symbole de l’emprisonnement. Par chance, leur oreiller est à l'opposé de la porte ». Maigre consolation.



Pendant les visites, les surveillants sont chargés de la sécurité des bénévoles mais les conversations restent privées. Les Petits Frères des pauvres se rendent tous les jours à l’EPSNF pendant une demi-journée. Pierre le mercredi, Isabelle le jeudi, etc. Chacun rend visite à trois ou quatre détenus dans les différents services de l'hôpital : médecine, soins de suite et rééducation.



Thierry, assis dans un fauteuil roulant installé près de son lit,  accueille Pierre. Quelques brèves formules de politesse et la discussion s’engage sur les problèmes de santé du détenu : crampes, douleur aux jambes, fatigue. « Je ne parle pas beaucoup. J’ai du mal à m’exprimer depuis mon hémiplégie. Les bénévoles me posent des questions. Et je réponds. C’est mieux comme ça. » Si Thierry n’est pas un grand bavard, les tête-à-tête avec les bénévoles lui apportent, malgré tout, un grand réconfort.



« Quand je vous écoute, j’ai l’impression de parler à quelqu’un que je connais depuis longtemps, lance Pierre. Vous avez un petit accent. Vous êtes du Pas-de-Calais, non ? » « Non. Du Nord. De Douai », répond Thierry. La conversation tourne autour de leurs origines communes, de la relation du détenu avec ses médecins. Ils discutent même la façon dont il s’est rasé le matin. De longs moments de silence ponctuent leurs échanges.




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 Ne plus mourir à l'ombre       Derrière les murs       Écouter pour mieux soigner      Témoins de la souffrance

Témoins de la souffrance

Pierre est retraité. Le mercredi, c’est lui qui rend visite aux patients détenus. Ce jour-là, il suit toujours le même rituel. Il boit un café, puis lance à sa femme : « Anne, j’y vais. Je t’envoie un message dès que j’ai fini. » Il enfile son manteau gris et quitte son domicile.



Au volant de sa petite citadine, Pierre emprunte la route qui le mène à l’hôpital carcéral. « Quand je suis dans ma voiture, je ne suis pas inquiet. C’est une fois sur place que je prends conscience de ce que je fais », confie-t-il. De vieilles histoires lui reviennent à l’esprit. « Tenez, dans cet hôtel, sur la gauche, j’ai accompagné un détenu qui venait d'être libéré. Il avait été largué devant l’arrêt de bus avec deux gros cartons et il avait du mal à marcher… » Silence. Il a oublié les détails. Les souvenirs s’entassent et s’effacent avec le temps. Pierre est l'un des bénévoles les plus anciens de l'équipe. Cela fait presque dix ans qu’il se rend à Fresnes.




Dix ans… C'est au détour d'une conversation avec une voisine qu'il entend parler des Petits Frères des pauvres pour la première fois. Il décide alors de se lancer. Il est reçu en entretien. Il suit des formations. Puis, enfin, il commence son travail de bénévole auprès des malades de l'hôpital Saint-Louis de Paris. Une expérience qui dure pratiquement six ans. Un jour, Philippe, lui propose autre chose : « Il voulait qu'on accompagne des détenus malades. Je me suis laissé tenter. Je voulais voir ce que c'était. »



Les visites s'avèrent plus douloureuses. Un jour, Pierre se fait mettre dehors par un détenu : « Il m’avait offert un morceau de chocolat la semaine précédente. Il n’a pas supporté que je revienne sans rien lui offrir en retour. “Même pas une allumette”, c’était son expression. » Pierre esquisse un sourire gêné, encore troublé. Depuis, il n'a pas osé revoir ce patient.




Dans la voiture, le silence à nouveau s'installe. L’hôpital pénitentiaire est proche. Pierre montre de loin son passe au gardien. La barrière se lève et la voiture s’avance doucement. Les murs de la maison d’arrêt apparaissent derrière les arbres. Imposants. La double porte verte de l’entrée l’est tout autant. En levant les yeux, on lit : « Hôpital de Fresnes ». On aurait presque oublié l’aspect médical au regard du dispositif de sécurité. Miradors, barbelés, projecteurs, surveillants, caméras… Il est 13 heures. Pierre s’engouffre dans l’enceinte carcérale. Serein.



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euls, sans famille, sans proches, ils sont aussi fragiles physiquement, psychologiquement que psychiquement. À ce  tableau  déjà sombre,  s'ajoute  le  handicap voire  la maladie grave. »  Philippe sait de quoi il parle.  Bénévole

dans l'association des Petits Frères des pauvres, il accompagne des prisonniers malades. En 2002, il a décidé de tendre la main aux détenus malades et a créé le partenariat entre l’association et l'hôpital carcéral de Fresnes : « Une démarche trop peu connue envers des personnes trop souvent oubliées. »



Pour les patients de l’Établissement public de santé national de Fresnes (EPSNF), au traumatisme de l'incarcération s’ajoute celui de la maladie et de la solitude. Et quand leur entourage leur a tourné le dos, les Petits Frères des pauvres deviennent alors leur dernière famille. Mais ils font plus, ils prêtent une oreille attentive, écoutent sans chercher à savoir ce qui a amené le détenu jusqu'en prison. Et, surtout, s’interdisent de porter le moindre jugement. Une mission difficile que s'est lancée l’association.



La maladie ne connaît pas les murs de la prison. Les détenus en sont victimes tout autant que le reste de la population. Mais être malade ou en fin de vie derrière les barreaux, c’est la double peine. Les Petits Frères des pauvres ont décidé d’accompagner ceux qui ont été mis au ban de la société, sans rien d’autre à proposer « qu’une écoute et du temps » comme le dit l’un d’eux. Une action invisible qui permet à des hommes et des femmes, de relever la tête et de croire à nouveau en leur propre humanité.

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 1898

Création de l'infirmerie centrale des prisons et de la maison d'arrêt de Fresnes



 1985

L'hôpital pénitentiaire de Fresnes devient un établissement public puis l'EPSNF en 1995. Les personnels médicaux et sociaux appartiennent désormais au corps du service hospitalier public et ne dépendent plus du ministère de la Justice.



 2002

Les Petits frères des pauvres commencent à se rendre à l'EPSNF pour accompagner les détenus malades.


 es portes défilent, les sas s'enchaînent. Pierre passe un à un les très nombreux contrôles de sécurité avant de se rendre en salle de soin. Il récupère le cahier  de

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"J'entends, comme les détenus,

le bruit des serrures.

Entendre ce bruit,

c'est quelque chose."

Pierre 

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Lettre d'une détenue aux Petits Frères des pauvres

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Délinquants ou criminels, parfois, les malades révèlent la raison de leur incarcération. C’est un moment délicat. Daniel, un ancien bénévole, se souvient de sa première rencontre avec un détenu : « J’ai eu connaissance des actes – graves – qu’il avait commis. Pendant un très court instant, je me suis interrogé sur la pertinence d’entrer en relation avec lui. Devais-je accepter de l'écouter ? » C'est dans la foi que Daniel a trouvé une réponse : « Il ne faut pas juger. »



Incarcération et maladie, c’est la double peine pour les détenus. Les visites des Petits Frères leur permettent de se sentir dignes d'intérêt. « On me dit “bonjour, madame”. Je réapprends à être quelqu’un. On n’est plus uniquement des numéros », confie Françoise. Atteinte de nombreuses pathologies, elle est prise en charge par l’hôpital de Fresnes depuis près d’un an. Sa chambre, d’à peine 9 mètres carrés, témoigne de cette longue durée. Elle regorge d’objets personnels : livres, colis et matériel de couture. Lorsque Isabelle vient lui rendre visite, elle fait l’effort de s’habiller de façon plus gaie et de se maquiller. « On s’oblige à une certaine discipline. Il ne faut pas se laisser changer moralement par la détention. C’est facile de se laisser aller. Alors je fais des efforts », explique-t-elle.



La visite d'Isabelle est interrompue par le retour de promenade des détenus. C'est un moment délicat, pendant lequel soignants et bénévoles doivent retourner en salle de soins pour des raisons de sécurité. Il faut attendre que chacun ait regagné sa chambre pour que l’échange reprenne.



Souriante et très bavarde, Françoise ressemble plus à une gentille mamie qu’à une criminelle. Elle discute avec Isabelle de sa passion pour la couture, des tissus qu'elle a reçus de la part des Petits Frères des pauvres. Elle évoque ses amies, qui ne viennent plus, et ses enfants, qu'elle ne souhaite pas voir au parloir. La venue des bénévoles dans sa cellule exiguë est une véritable « bouffée d'air frais ». Il arrive que ceux-ci lui parlent de leur vie personnelle. Grâce à ces fragments de vie partagés, Françoise s’évade et rêve du monde extérieur.




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Tuberculose, diabète, cancer... Les maladies sont diverses. Faciles à repérer lorsqu'elles portent sur le physique, l'état mental du patient est en revanche plus difficile à diagnostiquer.



« Les bénévoles peuvent nous donner des informations sur l'état psychologique des patients. Ces informations précieuses, on ne les aurait pas sans eux », reconnaît le Dr Sylvie Balanger. La blouse blanche instaure une certaine distance qui ne pousse pas à la confidence. C’est là qu'interviennent les bénévoles. « Leur travail est complémentaire de celui des soignants », confirme Guillaume Mosser, directeur de l’Établissement public de santé national de Fresnes.



Parfois, l'action des bénévoles aide même les professionnels. « Ils allègent notre charge de travail et apportent un soulagement moral aux patients », témoignent Dominique, Isabelle et Olivier, tous trois soignants à l'hôpital pénitentiaire. Cette double écoute, réalisée à la fois par le corps médical et les bénévoles, permet une meilleure prise en charge.

ouble peine. » C'est l'expression souvent utilisée par les Petits Frères des pauvres pour décrire ce que vivent les patients détenus.

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" Il faut savoir se ressourcer entre chaque visite "










Les soignants, eux aussi, sont amenés à recevoir des confidences qui peuvent être lourdes à porter. Ils ont besoin d'évacuer. C'est pourquoi Philippe a proposé, cette année, la création d'un comité d'éthique qui permet au corps médical de réfléchir sur la pratique de leur métier en milieu carcéral. « Nous partageons nos expériences, on s'interroge sur la fin de vie, sur la douleur. C'est nécessaire », glisse le Dr Sylvie Balanger.




De leur côté, les bénévoles peuvent compter sur les groupes de parole. Une fois par mois, les membres des Petits Frères des pauvres qui visitent des hôpitaux civils ou pénitentiaires s’y retrouvent, sous le regard attentif d’une psychologue. Autour d’une table rectangulaire, ils sont une dizaine à raconter leurs expériences, leurs questionnements… Un passage obligatoire qui permet de passer à autre chose. « Au début, je ressentais une fatigue psychique quand je rentrais chez moi, témoigne Philippe. Les temps de parole sont importants mais il faut aussi se concentrer sur le temps personnel entre chaque visite : savoir vivre, vivre avec sa famille, faire des voyages, se ressourcer… C'est primordial. » Même son de cloche chez Pierre : « Ma famille reste ma priorité. Le bénévolat passe après. »



Si le désir d'accompagner les détenus est présent, les encouragements des autres aident aussi les bénévoles à continuer. L’infirmier Olivier avait remercié l'association en écrivant un poème. D’autres se contentent de merci, dans les couloirs, qui veulent déjà dire beaucoup. C’est par le biais d'une lettre que le lieutenant Alain Yomi a pu exprimer toute sa reconnaissance aux Petits Frères des pauvres : « Je tiens à saluer vos interventions dont la richesse relève de ces actions invisibles qui nourrissent notre humanité de ses plus belles attentes. »



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Veronique Ballut-Vernet,

psychologue en charge de groupes de paroles


C’est la quatrième année que je gère des groupes de parole pour les Petits Frères des pauvres. Je suis garante du cadre, je m’assure que la parole circule librement Je suis psychologue mais les bénévoles ne sont pas mes patients. Je n’encadre pas ces groupes avec une visée thérapeutique.


Une fois par mois nous nous réunissons autour d’une table pour discuter. Je les aide à trouver un espace de parole sans jugement, sans hiérarchie. Tout le monde peut prendre la parole, poser des questions, faire de ses doutes… Ces échanges sont importants, ce n’est pas rien de rencontrer des gens vulnérables, malades ou détenus. C’est pour cela que ces groupes de paroles sont obligatoires.


Le bénévolat, c’est un engagement physique et psychique. Il arrive que les bénévoles assistent à des moments bouleversants, émouvants. Chacun doit se servir de ses groupes de parole en fonction de ses besoins. Certains sont bavards d’autres discrets mais ce n’est pas grave. Je ne suis pas là pour changer les gens. Le principal, c’est que la parole circule et que les bénévoles ne sentent pas livrer à eux-mêmes à travers ce bénévolat.

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e ne viens pas pour devenir votre ami. » Pierre préfère prévenir les patients qu’il rencontre : l’amitié ne fera pas partie de leur relation. « Je viens vous rencontrer,

vous aider ». La nuance est forte, mais nécessaire. Quelle distance garder face aux détenus ? Comment se comporter ? Ces questions sont au cœur du bénévolat des Petits Frères des pauvres.



Chacun a sa méthode. Philippe, membre initiateur de ce bénévolat, se souvient des débuts, il y a douze ans : «  J’étais une éponge. Je prenais toute la souffrance humaine du détenu, elle m’envahissait. J’étais trop près de la personne. » Au fil du temps, il a acquis une certaine sagesse, une certaine humilité dans son accompagnement qui lui permettent de garder la distance nécessaire. Il a grandi à chacune des rencontres.



Il a aussi appris à écouter très attentivement. Ancien commercial, il pensait être un bon écoutant car un vendeur est toujours à l'écoute de son client. Mais il s’est rendu compte que, dans la vie quotidienne, on écoute rarement sans arrière-pensée. « Avec un client, on a toujours un projet, quelque chose à vendre. On est tout ouïe mais on cherche à le guider vers un produit, à trouver une solution. Là, je n’ai rien à proposer, à part une écoute et du temps. »



Cette façon d’écouter, elle s’apprend par des formations, des échanges avec une psychologue lors des groupes de parole, et, bien sûr, l'expérience personnelle. « Je dois accompagner le patient à son rythme et toujours rester dans ce que je crois comprendre de ses attentes », explique Isabelle. 





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" Tendre la main à

une personne malade, qui peut être un tueur,

un voleur, un violeur...

Est-ce possible ? "

Daniel

Comme Philippe, elle a compris que le détenu était au centre de la visite. Les bénévoles viennent pour les patients sans rien attendre en retour. Cela implique parfois de se remettre en question, mais aussi de laisser ses propres soucis de côté. « Comment dominer sa propre souffrance pour être capable d'accompagner la souffrance de l’autre ? », s’interroge-t-elle.



« On apporte une présence empathique : ni trop près, ni trop loin du patient, une certaine communion se crée », souligne Philippe. Mais la distance demeure. « Nous ne sommes pas complices », nuance-t-il. Car la particularité du bénévolat de Pierre, Isabelle et Philippe reste de prendre le temps d'aider des détenus. Daniel se souvient bien de ces questions éthiques : « Tout le monde est d'accord pour tendre la main à une personne malade, en grande détresse. C'est un acte naturel. Mais tendre la main à une personne malade qui peut être un tueur, un voleur ou un violeur… Est-ce possible ? »



Face aux lourdes confidences qu'ils peuvent recevoir, chacun réagit différemment. Alors que Pierre se prépare à tout entendre, Isabelle s'attache le plus possible « à rencontrer le patient avant le prisonnier, même si parfois, c’est le détenu qui se confie ». Les bénévoles ne posent jamais de questions, ils prennent les patients où ils en sont, avec ce qu'ils ont envie de dire. « On entend des choses graves, des choses lourdes. Mais on n'est pas là pour juger une deuxième fois », rappelle Philippe. Il met un point d'honneur à différencier l'acte commis et la personne humaine. « Chacun a en lui une partie d'ombre et de lumière. Et les détenus qui vivent dans l'ombre ont, eux aussi, une partie de lumière. »



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Les visites à l'hôpital pénitentiaire façonnent aussi les bénévoles, dont la vision sur le milieu carcéral évolue. « Soixante-huitarde et cartésienne, je me suis recentrée sur le relationnel. Cela a transformé ma façon d'être, de regarder et de vivre », raconte Isabelle. « On change son regard sur un tas de problématiques qu'on pense simplistes au début : on peut penser que la prison c'est binaire, mais non, ce n’est pas ça », renchérit Philippe. Pour tous, le bénévolat a pris une place importante dans leur vie. « Il faut donner un sens à sa vie. L'épanouissement passe aussi par le don aux autres », explique-t-il. Un avis que partage Pierre. « Cela donne une colonne vertébrale à ma vie d'homme âgé. »



Donner pour s'ouvrir aux autres, pour rencontrer, pour évoluer…Les raisons de continuer à visiter des détenus en fin de vie sont multiples. Parfois, les patients expriment leur reconnaissance. Et cela n’a pas de prix. « Ce n'est peut-être qu’un sourire. Mais un sourire, dans ce lieu, c’est un véritable cadeau. »




Les prénoms des détenus ont été changés.



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Crédits


Textes et vidéos : Thomas Bignon (bignonthomas@gmail.com) et Pauline Mareix (pauline.mareix@gmail.com)

Photos : Thomas Bignon

Dessins et webdesign : Damien Roudeau (damien.roudeau@gmail.com)


Remerciements : Audrey Vairé et Laure Colmant qui ont passé quelques nuits blanches pour nous ; Sébastien Daycard-Heid sans qui nous n’aurions pas été aussi ambitieux ; Francis Fournier et les trois bénévoles des Petits Frères des pauvres que nous avons pu rencontrer et qui ont accepté de se livrer, Pierre, Philippe ainsi qu’Isabelle que nous remercions tout particulièrement pour son accueil chaleureux.


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